Des 1900…

Dès 1900, la Compagnie Genevoise des Tramways Electriques (CGTE)

La fusion des deux compagnies existantes (TS et VE) n’avait pas pu se concrétiser dans les dernières années du XIXe siècle. C’est une troisième venue, la Compagnie Genevoise des Tramways Electriques (CGTE), société privée fondée le 11 août 1899, qui la réalisera au tournant du siècle. Grâce à un capital de départ important pour l’époque (5 millions de francs), elle absorbe les TS au 1er décembre 1900 et les VE au 1er janvier 1901. Le Genève-Veyrier échappe à cette unification et restera indépendant.

Le titre de la nouvelle compagnie annonce bien la couleur : le réseau sera tout électrique. La CGTE « hérite » donc d’un réseau de 20 km à voie normale, presque entièrement électrifié (TS) et d’un réseau de 76 km à voie étroite, encore exploité en totalité par traction à vapeur (VE). Vu la proportion des voies existantes (4/5e), c’est la voie métrique qui est choisie pour uniformiser le réseau. La CGTE construit son grand dépôt-ateliers à La Jonction.

Durant les cinq premières années d’exploitation par la CGTE, les choses vont aller vite. La compagnie est active sur trois fronts :

  1. L’ouverture de nouvelles lignes
  2. La mise à voie étroite des lignes ex-TS et l’électrification des lignes ex-VE
  3. La mise en service de 99 motrices électriques à deux et à quatre essieux

En 1900 – 1901 :

  • 25 automotrices à deux essieux, Ce 2/2 Nos 1 à 25, surnommées « AEG », du nom du constructeur de la partie électrique
  • 20 automotrices à deux essieux, Ce 2/2 nos 26 à 45, surnommées « Danseuses » en raison de leur empattement court de 1,8 mètre qui les faisait danser en ligne !

En 1901 :

  • 15 automotrices à quatre essieux, Ce 2/4 50 – 54 et 60 – 69, surnommées « Cologne » car construites par Herbrand à Cologne pour leur partie mécanique
  • 15 automotrices à quatre essieux, Ce 2/4 75 à 89, surnommées « Schlieren », du nom de leur constructeur mécanique

En 1902 :

  • 10 automotrices à quatre essieux, Ce 2/4 55 – 59 et 70 – 74, dites « Westinghouse » du nom du constructeur de la partie électrique
  • 10 automotrices à quatre essieux, Ce 2/4 90 à 99, appelées « Alioth » du nom du constructeur de la partie électrique

Toutes ces motrices sont livrées dans la livrée retenue à l’époque de la création de la CGTE, à savoir caisse jaune vanille et filets bordeaux.

En 1903 – 1904 :

  • 4 automotrices à deux essieux, Ce 2/2 46 à 49, dérivées des « Danseuses », mais avec des caisses d’une largeur inférieure à deux mètres, pour le service sur la ligne de la Vieille-Ville.

On remarquera que deux séries se mélangent dans la numérotation continue retenue à l’époque. Cela est dû au fait que les motrices 50-54 et 55-59 étaient équipées d’un compartiment fourgon qui les destinait avant tout au service sur les lignes de campagne.
Quant à la « ventilation » des différents types de motrices sur les différentes lignes, les documents photographiques disponibles semblent monter que les machines à deux essieux étaient avant tout engagées sur les lignes urbaines et périurbaines à horaire serré et sur les lignes vicinales à faible trafic. Ainsi trouve-t-on les motrices 1 à 25 sur la Ceinture, la 3, la 4, la 5. Les 26 à 45 font Versoix en plus du service urbain. Les motrices à quatre essieux assurent les lignes urbaines chargées (les 60 règnent par exemple sur la 12) et les lignes de campagne. Les « Alioth » feront, par exemple, presque toute leur carrière sur deux lignes pendant 50 ans : la 15 jusqu’à Chancy d’abord, puis jusqu’à Bernex ; la 9 sur Hermance.

Si toutes les automotrices à quatre essieux sont livrées avec deux moteurs pour des raisons d’économie, très vite on se rendra compte qu’elles manquent de puissance pour remorquer des trains longs et lourds sur les lignes de campagne. Pour cette raison, certaines séries seront très vite transformées en Ce 4/4, par adjonction de deux moteurs supplémentaires. Sont concernées, de 1904 à 1907, les « Westinghouse » (55-59 et 70-74) et les « Alioth » (90-99). Les « Cologne » attendront même les années trente.

A noter que toutes les séries de motrices ont été livrées avec plates-formes ouvertes. On n’ose imaginer quelles étaient les conditions de travail des wattmen de l’époque, exposés aux vents et aux intempéries ! Le vitrage frontal des plates-formes sera réalisé de 1907 à 1911, selon les séries. Mais la fermeture complète des plates-formes par des portes n’interviendra que bien plus tard sur ces premières séries.

Après ces cinq années d’activité frénétique, la CGTE va ralentir quelque peu son développement. Il faut dire ici que la CGTE, compagnie privée, avait commis la même erreur que les VE en voulant se dispenser de faire appel aux pouvoirs publics pour subventionner son exploitation, en particulier sur les lignes de campagne peu rentables. Dès le début, ses finances seront précaires. On ne peut donc pas s’étonner qu’une grève dure ait eu lieu en automne 1902 déjà ! Les employés se heurtèrent au management du directeur américain nommé à l’époque par la CGTE et obtinrent son départ, en plus de la satisfaction de leurs revendications. A partir de ce moment, les tramelots genevois seront redoutés dans la république !

1906 voit la mise en service de 6 longues motrices à deux essieux (en fait à bogies à un essieu, assez instables !), Ce 2/2 100 à 105, surnommées « Grandes Cents ». La même année, c’est la construction des premières remorques à quatre essieux, surnommées « Bautzen » du nom de leur constructeur. Si la CGTE avait déjà racheté aux tramways de Berne trois modèles de ce type, elle en fait encore construire sept exemplaires et dispose alors de 10 B4i, Nos 351 à 360.

Dès 1907, la CGTE améliore son réseau avec le renouvellement de nombreuses voies ex-VE par du rail à gorge, la construction d’évitements sur les lignes à voie simple, la mise à double voie de sections à fort trafic. Cela lui permet de renforcer ses horaires.
En 1908, le trafic augmentant, la compagnie reçoit les 15 automotrices à deux essieux Ce 2/2 107 à 121, surnommées « Petites Cents » et 10 remorques à essieux Ci 201 à 210. A noter que les « Petites Cents », comme les « Grandes Cents » marquent un net progrès dans la construction des trams. Elles sont équipées d’origine de plates-formes fermées avec portes coulissantes et d’indicateurs de destination (girouettes) à rouleaux sur les quatre faces. Ces derniers véhicules sont mis en service dans la nouvelle livrée CGTE, vert olive pour le bas de caisse, avec filets fins et logo CGTE entrecroisé en jaune doré, et pourtour des fenêtres en vert clair.
De 1907 à 1912, la CGTE exploite la ligne Carouge – Croix-de-Rozon, avant d’en remettre l’exploitation pour quelques années au Genève – Veyrier.

1909 : ouverture de la ligne Cornavin – Gare des Vollandes (Gare des Eaux-Vives) par l’avenue Pictet-de-Rochemont. Hé… oui !!! L’ancêtre du CEVA existe bien à ce moment-là !!!
En 1911, c’est la mise en service de six tracteurs électriques de 140 CV Fe 4/4 Nos 150 à 155 pour l’acheminement des wagons marchandises à voie normales sur trucs transporteurs. Cette livraison sonne le glas des derniers tramways à vapeur ex-VE, qui étaient encore utilisés pour le trafic de marchandises.

Le trafic en évolution et des résultats d’exploitation convenables permettent aux employés de bénéficier de quelques améliorations de leurs conditions de travail : on passe à 11 heures de travail quotidien et à 52 jours de congé par année !
1914 – 1918 : années difficiles pour la CGTE. Nombreux sont les employés qui sont mobilisés pendant la première guerre mondiale, ce qui entraîne de sensibles réductions sur les horaires.

Après ces années sombres et la grande grève de 1918, où les tramelots seront très actifs, le trafic va vite reprendre. Un réseau presque à son apogée et la reprise montrent une nouvelle fois un manque de matériel ferroviaire disponible. Ainsi, la CGTE lance, en 1920, les véhicules suivants :

  • 10 automotrices à quatre essieux, Ce 2/4 Nos 156 à 165, surnommées « Plates-formes Centrales » en raison de la disposition centrale de celle-ci
  • 10 automotrices à deux essieux, Ce 2/2 122 à 131, dites « Ceintures » car elles seront affectées à cette ligne.
  • 10 remorques à bogies, Ci 361 à 370, dites « Neuhausen », du nom de leur constructeur.

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